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Les mythes autour de la Doula

  • Photo du rédacteur: Aurélia Heurtrey
    Aurélia Heurtrey
  • 24 mars
  • 4 min de lecture

Il était une fois, dans l’Antiquité grecque, une femme nommée Galanthis. Son rôle ne figurait pas dans les récits glorieux des héros ou des dieux, mais son courage et son ingéniosité allaient pourtant changer le destin d’un enfant légendaire : Héraclès.


Birth of heracles - Doula Galanthis
Naissance d'Héraclès

Alcmène, mère du futur héros, était sur le point d’accoucher. Pourtant, malgré des jours entiers de souffrance, le travail n’avançait pas. Héra, l’épouse de Zeus, jalouse et désireuse de contrarier la naissance de cet enfant, avait ordonné à Ilithye, la déesse des accouchements, de retarder l’événement. Assise à l’entrée de la pièce, les jambes et les doigts croisés, Ilithye usait de son pouvoir pour empêcher Alcmène d’enfanter.


Galanthis, fidèle servante et soutien indéfectible d’Alcmène, observait la scène avec inquiétude. Elle comprit alors ce qui se jouait : ce n’était pas un problème physique qui empêchait la naissance, mais une entrave divine. Déterminée à sauver sa maîtresse et l’enfant à naître, elle eut une idée brillante. Avec ruse, elle s’écria soudainement : « Félicitations, Alcmène a accouché ! L’enfant est né ! »


Surprise par cette annonce, Ilithye relâcha instantanément sa posture. Sans même s’en rendre compte, elle rompit le sort qui bloquait l’accouchement. Alcmène, enfin libérée, put donner naissance à Héraclès. Mais la ruse de Galanthis ne resta pas impunie : furieuses d’avoir été trompées, les divinités la transformèrent en belette. Pourtant, son acte ne fut pas oublié. Plus tard, Héraclès lui-même lui rendit hommage en érigeant un sanctuaire en son honneur.


L’histoire de Galanthis est l’un des plus anciens témoignages du rôle essentiel joué par celles qui accompagnent les naissances. Bien avant l’existence du terme « doula », il y avait déjà des femmes engagées, attentives et prêtes à tout pour assurer un accouchement dans les meilleures conditions.


métamorphose de galanthis en belette - Doula
Lucine, postée à la porte d'Alcmène, foudroie Galanthis et la transforme en belette.

Déconstruire les mythes autour des doulas

Aujourd’hui, le métier de doula reste entouré de nombreuses idées reçues. Certaines personnes pensent qu’il s’agit d’une pratique récente, qu’elle remplace les sages-femmes ou qu’elle n’a pas d’utilité réelle. Pourtant, l’accompagnement des naissances par des femmes de confiance existe depuis la nuit des temps.


Les doulas, un rôle ancestral


Depuis toujours, dans toutes les cultures, des femmes ont accompagné d’autres femmes lors de la grossesse, de l’accouchement et du post-partum. Le mot « doula » vient du grec ancien et signifie « servante » ou « femme au service de ». Mais loin d’être une subalterne, la doula est un pilier du soutien émotionnel et pratique pendant les grandes étapes de la vie féminine.


Dans les sociétés traditionnelles, les accouchements se faisaient à la maison, entourés de proches. Il était naturel qu’une femme expérimentée apporte son soutien, rassure et accompagne la future mère. Ce n’est qu’avec la médicalisation de la naissance que ce rôle a perdu de sa visibilité, bien qu’il ait toujours existé en parallèle.


Non, la doula ne remplace pas la sage-femme


L’une des confusions les plus répandues est de croire que la doula intervient à la place des sages-femmes. Or, ce n’est absolument pas le cas. La sage-femme est une professionnelle de santé formée pour assurer la surveillance médicale de la grossesse et de l’accouchement. La doula, quant à elle, offre un accompagnement émotionnel, informatif et pratique, sans acte médical.


Elle est là pour écouter sans juger, soutenir les choix des parents, informer sur les options possibles et offrir une présence continue, ce que les sages-femmes, souvent prises par de nombreuses tâches médicales, ne peuvent pas toujours garantir. La complémentarité entre ces deux rôles est précieuse pour assurer un accompagnement global et bienveillant.


Un soutien bien au-delà de la naissance


Autre idée reçue : la doula ne s’occupe que de l’accouchement. En réalité, son rôle commence bien avant et se poursuit bien après. Elle accompagne les femmes dans toutes les étapes de leur vie reproductive :

  • Soutien lors d’un parcours de PMA

  • Accompagnement des fausses couches et du deuil périnatal

  • Soutien à l’allaitement ou au choix du biberon

  • Présence en post-partum pour éviter l’isolement et la charge mentale

  • Conseils pour une reprise du travail en douceur

  • Accompagnement lors de la ménopause


Certaines doulas, comme moi, élargissent encore davantage leur champ d’action en accompagnant également les femmes en dehors de la maternité : adolescents en quête de compréhension sur leur cycle menstruel, adultes explorant leur féminité ou leur parentalité sous toutes ses formes, couples homosexuels en parcours d’adoption ou de PMA, ou encore personnes transgenres en pleine transition.


Un métier fondé sur l’écoute et la bienveillance


Être doula, c’est avant tout être une présence rassurante, une oreille attentive, un guide bienveillant. C’est remettre de l’humain au cœur des grandes transitions de vie. Ce n’est pas un phénomène de mode, ce n’est pas une pratique ésotérique, ce n’est pas un luxe réservé à une élite. C’est une main tendue, un repère dans des moments parfois bouleversants.


Alors, la prochaine fois que vous entendez parler d’une doula, souvenez-vous de Galanthis. Elle n’était ni médecin, ni sage-femme. Elle n’avait ni diplôme, ni protocole. Mais elle avait l’essentiel : l’intuition, la ruse et surtout, la volonté farouche d’aider une femme à donner naissance dans les meilleures conditions possibles. Aujourd’hui encore, les doulas perpétuent cette mission ancestrale, avec bienveillance et passion.


doula acompagnant une maman en travail

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