Ce qu’on ne vous dit pas sur l’accouchement… Elles ont accepté de tout raconter
- Aurélia Heurtrey
- 24 juil.
- 25 min de lecture
Il n’y a pas une seule façon d’accoucher. Il y en a des milliers.
À l’hôpital ou à la maison, par voie basse ou par césarienne, avec ou sans péridurale, déclenché, accompagné, inattendu, puissant, doux, bouleversant… Chaque naissance est unique. Et chaque femme mérite que son vécu soit entendu, reconnu, respecté.
Dans cet article, j’ai souhaité donner la parole à plusieurs mamans. Elles ont accepté de partager avec vous un morceau intime de leur histoire, dans toute sa singularité. Pas pour dire comment il “faut” accoucher. Mais pour vous montrer que chaque parcours est légitime, que la diversité des expériences est une richesse, et que vous avez le droit de vivre votre accouchement à votre façon.
J’espère que ces témoignages vous toucheront, vous réconforteront, ou peut-être vous prépareront. Car accoucher, ce n’est pas seulement mettre au monde un bébé. C’est aussi se (re)mettre au monde soi-même.
Le témoignage de Natalie – Un accouchement déclenché, choisi et serein
Avant même la naissance, l’histoire de Natalie prend une tournure particulière. Après une première grossesse marquée par un suivi médical difficile, elle consulte un nouveau spécialiste pour concevoir son deuxième enfant. Le changement est radical :
“Il nous a consacré 45 minutes. Il m’a dit que j’ovulais bien. Le mois suivant, j’étais enceinte.”
Une grossesse qui commence dans un climat bienveillant et rassurant, avec un suivi respectueux de son corps et de ses ressentis.
Pour cette deuxième naissance, Natalie change de cadre : après une première expérience difficile dans le public, elle choisit une maternité privée, plus à l’écoute selon elle. Très marquée par son premier accouchement, vécu dans une douleur mal accompagnée, elle veut cette fois vivre les choses autrement.
Le jour du terme, elle se rend à la maternité et tombe sur un professionnel avec qui le contact ne passe pas. Elle prend alors une décision claire :
“Je me suis dit : c’est hors de question qu’il soit là pour mon accouchement. Alors j’ai demandé un déclenchement le lendemain, quand il ne serait plus de garde.”
Un choix assumé, respecté, qui lui permet de reprendre le pouvoir sur son accouchement dès le départ.
Le matin du déclenchement, tout semble aligné pour une naissance paisible, la météo est douce. Natalie et son compagnon partent ensemble pour la maternité dans une atmosphère très zen et joyeuse.
Mais à leur arrivée, une contrariété : toutes les salles de naissance sont occupées.
“Moi j’étais prête. J’étais dans cette croyance que si je décidais, ça se déroulerait comme je voulais.”
Après quelques heures de patience, on l’installe enfin en salle. Le déclenchement commence vers 10h30-11h, suivi rapidement de la pose de la péridurale. Cette fois, Natalie veille à rester connectée à son corps :
“Pour mon premier, j’avais eu une dose de cheval. Là, j’ai insisté pour qu’elle soit très légère.”
Elle ne ressent pas la douleur, mais perçoit quand même la pression des contractions, ce qui lui permet de mieux comprendre ce qui se passe dans son corps.
L’ambiance reste calme. Natalie échange tranquillement avec son compagnon, sans douleur, même avant que la péridurale ne fasse effet.
“Je n’ai pas eu mal une seule fois. Et après coup, je me suis dit : si j’ai un 3e, je ne la prendrai peut-être pas.”
Mais le travail stagne. Vers 14h, l’obstétricien passe la voir, confiant que rien ne presse, elle n’est dilatée qu’à 2 cm. Il repart à ses consultations, à l’autre bout de la ville.
Alors la pièce s’assombrit, son compagnon s’installe dans un fauteuil, le silence s’installe. Natalie commence à lâcher prise.
Mais soudain, seule dans la salle, elle sent un liquide chaud, en soulevant les draps, elle découvre qu’elle saigne. La panique monte. La sonnette lui échappe. Elle appelle, plusieurs fois, seule.
“J’ai eu un petit moment de panique. J’étais seule dans cette salle de naissance.”
La sage-femme arrive enfin. Natalie lui explique qu’elle perd du sang. Très calme, presque trop, elle répond : “Oh bah ça, c’est vraiment inhabituel…” Puis, en l'examinant, elle constate que le bébé est là, il arrive.
Le lâcher-prise, l’obscurité, le silence… tout a sans doute contribué à ce déclenchement soudain du travail.
L’obstétricien, rappelé en urgence, quitte sa consultation en cours et file à toute vitesse. Il arrive juste à temps.
Dans la pièce, l’ambiance est joyeuse, détendue. Natalie, son compagnon, la sage-femme et l’obstétricien papotent, rient… jusqu’à ce que la sage-femme lance : “Va peut-être falloir s’y mettre, là.”
Un souvenir revient à Natalie, peu avant, elle avait dit à son compagnon qu’elle ne pourrait jamais attraper son bébé pendant qu’il sortait, que ce geste animal n’était pas pour elle. Son compagnon, de son côté, avait juré qu’il ne couperait jamais le cordon, trouvant ça trop médical.
Spoiler : ils feront exactement l’inverse de ce qu’ils pensaient.
Natalie commence à pousser. Mais la sage-femme s’impatiente : “Vous poussez mal ! Vous avez déjà eu un enfant quand même !” La péridurale, encore un peu trop dosée, ne lui permet pas de sentir pleinement ce qu’elle fait. Elle a du mal à coordonner son corps.
La tête sort. Bébé L. a le cordon autour du cou, mais tout va bien. Puis, une remarque de l’obstétricien intrigue Natalie : “C’est bizarre, elle est encore pleine de vernix…” À ce terme, ce n’est pas habituel. Natalie est pourtant sûre de ses dates. Maintenant, elle le sait, sa fille prend son temps,et c'est d’ailleurs ce qu'elle a toujours fait depuis !
Les bras de bébé L. sortent. L’obstétricien regarde Natalie et lui dit “Allez-y madame, attrapez-la.”
Prise au dépourvu, elle n’ose pas refuser. Ce n’est pas le moment pour dire non. Alors elle se laisse embarquer… et là, tout bascule.
Un instant suspendu.
C’est comme si deux univers s’étaient percutés, mêlés, trouvés. Natalie attrape sa fille et la tire à elle. Un moment de magie absolue. Elle va à la rencontre de son enfant. Il n’y a plus rien autour, juste elles deux. Le monde s’efface. Bébé L. est née à 15h17.
“C’était d’une beauté et d’une puissance… J’aurais aimé vivre ça aussi pour bébé C.”
En tenant bébé L., elle sent une connexion immense à sa force de mère. Rien de pesant, rien de difficile. Juste du bonheur pur.
BébéL. repose sur son ventre. L’obstétricien tend les ciseaux à son compagnon pour couper le cordon. Pris par surprise, lui non plus n’ose refuser. Il y va. Et là, pour lui aussi, la magie opère.
Il se connecte à bébé L. d’un coup. Un lien immédiat. Ce qu’il n’avait pas ressenti à la naissance de bébé C., il le vit maintenant, pleinement.
Ce moment, chacun l’a vécu à sa manière, avec ses émotions, ses histoires. Mais ils ont partagé ensemble une expérience douce, fluide… et absolument magique.
Bébé L., un peu encombrée, est brièvement emmenée pour qu’on l’aspire. Natalie se retrouve seule, inquiète quelques secondes.
Puis, on lui ramène sa fille. Groguie par la péridurale, mais si délicate… Et là, dans ses bras, tout se pose.
Cet accouchement, rapide, doux et serein, a été une belle expérience, montrant que même un déclenchement peut se dérouler dans une atmosphère calme et maîtrisée. À 10h30, le déclenchement était lancé, et à 15h17, bébé L. était déjà dans les bras de sa maman, une naissance pleine de fluidité et de connexion.

Le témoignage de Zulma - Accoucher en maison de naissance : une naissance physiologique à l’écoute du corps, à l’écoute de soi.
Pour Zulma, le chemin vers la naissance de son fils, bébé L., s’est dessiné bien avant le début de sa grossesse. C’est la grossesse de sa sœur et la venue au monde de son neveu, bébé N., né exactement neuf mois jour pour jour avant bébé L., qui ont profondément marqué son parcours.
Sa sœur, vivant au Mexique, avait choisi d’être accompagnée par une sage-femme traditionnelle pour un accouchement à domicile. Ce choix, loin des standards médicaux habituels, avait suscité de nombreuses réactions dans leur entourage. En la soutenant face aux jugements, Zulma a été amenée à s’informer sur la physiologie de la naissance, sur les différentes façons d’accoucher, et à se questionner sur le modèle français.
C’est aussi à cette période, alors qu’elle n’était pas encore enceinte, qu’elle s’est surprise à ressentir un véritable désir de maternité, là où elle pensait jusque-là ne pas être prête pour avoir des enfants. Un déclic doux mais déterminant, partagé avec son mari, qui a marqué le début d’une aventure profonde et consciente vers la naissance de leur fils.
Le travail a commencé dans la nuit du 25 juin, par des contractions légères, proches de douleurs menstruelles. Zulma se souvient précisément de cette nuit-là, car une vague de fraîcheur avait enfin remplacé la canicule qui pesait depuis plusieurs jours. Ce détail, anodin en apparence, a marqué sa mémoire comme un signe favorable, presque nécessaire, pour se sentir prête à accoucher.
Les contractions sont devenues plus régulières au fil des heures. Plutôt que de réveiller son mari, elle a préféré vivre ce début de travail dans le calme, installée seule sur le canapé, à l’écoute de son corps. Ce n’est qu’au petit matin que son mari l’a rejointe, surpris de la trouver déjà en pleine observation du rythme de ses contractions.
Accompagnée par une sage-femme du CALM à Paris, Zulma savait que tant que tout allait bien, elle pouvait rester à la maison, bouger, manger, marcher, et simplement tenir informée sa sage-femme. Aucune surveillance intrusive, aucun protocole à suivre, juste la liberté de se laisser guider par son ressenti et par le lien de confiance établi avec la sage-femme.
La journée s’est écoulée au rythme des contractions et des balades autour du quartier, ponctuées de pauses à chaque vague. Les rues étaient calmes ce dimanche-là, et même si certaines contractions forçaient Zulma à s’arrêter et se plier en deux, il régnait une ambiance presque joyeuse. Ce mélange d’humour et de soutien partagé avec son mari illustre à quel point cette mise en route du travail fut vécue avec légèreté et confiance.
À la maison, le travail s’intensifie doucement mais sûrement. Zulma alterne les positions, entre ballon, canapé, genoux au sol, coussins sous la tête. Elle sent que son corps travaille profondément, que quelque chose change, s’ouvre, progresse. La douleur est là, présente, bien plus marquée, et une légère inquiétude commence à poindre : et si on attendait trop pour partir ?
Quand elle n’arrive plus à parler pendant les contractions, elle demande à son mari d’appeler leur sage-femme, Charlotte. Il lui décrit la situation, pendant qu’elle gémit doucement à côté.
Charlotte l’entend à travers le téléphone et demande simplement “C’est Zulma que j’entends là, à côté de toi ?”, “Alors venez, je vous attends au CALM.”
Cette finesse d’écoute, ce talent pour percevoir l’invisible à travers quelques sons, quelques mots, c’est tout ce qui fait la magie de ces sages-femmes du CALM. Elles savent entendre bien au-delà de ce qui est dit.
Mais avant de partir, il reste une mission sacrée, préparer le plat à partager après la naissance. Et pour son mari, ce sera une ratatouille… Sauf que ce moment vire à la scène presque comique, lui, d’ordinaire calme et méthodique en cuisine, est soudain débordé, paniqué, incapable de retrouver les ingrédients.
Et elle, en pleine contraction, lui lance “Mais tu comptes la finir quand, ta ratatouille ? J’ai besoin de partir là, maintenant !”
Entre-temps, Zulma prend une douche. Elle ne sait plus exactement à quel moment, avant ou après l’appel, mais cette douche-là restera gravée. Elle la décrit comme une étape importante du voyage. Une transition entre deux mondes. Ce moment d’eau chaude sur sa peau, dans le cocon de leur maison, lui permet de revenir à elle, de sentir qu’un cycle se clôt et qu’un autre commence.
“C’était un long voyage en plusieurs étapes, et cette douche en faisait partie. Un moment sans mot, mais très fort.” me dit Zulma
Et quand elle redescend, prête à partir, son mari est encore en train de courir après ses légumes.
À leur arrivée à la maison de naissance, tout était calme, tamisé, chaleureux. Zulma se souvient de ce moment comme d’un vrai soulagement, elle était bien, sereine, presque heureuse d’être là, accueillie avec douceur. Le travail était déjà bien avancé, Zulma est à 7 cm, le corps avait fait une grande partie du chemin à la maison. Très vite, la sage-femme lui propose de rejoindre la baignoire.
L’eau chaude l’aide à traverser les vagues, son mari est tout près, la soutenant à chaque instant. Elle est accompagnée, guidée avec délicatesse, mais malgré tout, quelque chose en elle reste à l’affût, son corps cherche une autre forme d’ancrage. L’eau ne suffit plus. Elle se sent trop flottante, sans appuis stables. À ce moment-là, la sage-femme l’informe que le bébé est tout proche. Elle lui demande alors « Veux-tu rester dans la baignoire ? Parce que si tu restes, il faudra y rester jusqu’au bout. »
Ce questionnement ouvre un espace de choix. Zulma écoute son ressenti et décide de sortir. Elle veut pouvoir s’ancrer, pousser contre le sol, retrouver des repères physiques solides. C’est aussi là que l’émotion prend une teinte plus légère, dans la baignoire déjà, et tout au long du travail, une chose l’amusait intérieurement, l’odeur d’ail sur les mains de son mari. Un petit détail inattendu, qui l’accompagne presque comme un repère dans cette traversée intense.
Ce moment symbolise toute la puissance de cet accouchement, rester à l’écoute, même dans l’intensité, même quand tout s’accélère. Faire confiance à son corps, et rester libre de ses choix, jusqu’au bout.
Parmi les temps forts de cet accouchement, il y a eu ce moment charnière où la sage-femme a proposé d’envisager un transfert. Le travail avançait depuis longtemps, et parfois, certaines naissances nécessitent un coup de pouce. Ce moment aurait pu être vécu comme une rupture, une perte de contrôle. Pourtant, il a déclenché tout l’inverse. Zulma a puisé en elle une force insoupçonnée. Soutenue par son mari et sa sage-femme, elle a affirmé avec calme et conviction qu’elle se sentait prête à continuer. Et elle l’a fait.
Un simple changement de posture a tout débloqué. Le corps a su ce qu’il avait à faire, l’esprit s’est aligné, le bébé a répondu. Dans l’intimité de la nuit, portée par les femmes de sa lignée, dans une vision aussi forte que fugace, elle a mis au monde son fils avec puissance et présence.
Ce moment, et tout ce qui l’a précédé, témoignent de la force instinctive qui émerge lorsqu’on se sent écoutée, soutenue et libre de choisir. C’est une invitation, pour chaque femme, à faire confiance à son corps, à ses ressentis et à la puissance du lien qui l’unit à son bébé.
Bébé L. est né à 01h01, un 26 juin. Il est arrivé dans la pénombre, entouré d’amour, directement accueilli dans les bras de sa mère. Ensemble, ils ont rejoint le lit, rejoints rapidement par le papa. Ce moment-là, ce tout premier instant à trois, restera gravé comme un souvenir suspendu dans le temps, bébé L. bougeait doucement, cherchant instinctivement le sein, qu’il a trouvé avec une étonnante facilité. Dans l’obscurité de la chambre, bercés par le calme, les jeunes parents contemplaient leur bébé, encore émus de la force qu’ils venaient de traverser.
Le reste de la nuit s’est déroulé dans cette même douceur. La sage-femme leur a laissé cet espace de rencontre, promettant de revenir quelques minutes plus tard pour accompagner la délivrance. Et comme un fil rouge depuis le début de ce travail, tout s’est fait dans le respect du rythme de Zulma, elle a pu accoucher de son placenta sans douleur particulière, tout en gardant son attention tournée vers bébé L.
La coupe du cordon s’est faite plus tard, après que les battements aient cessé. La continuité, la patience, la tendresse des gestes, tout a participé à ce que la naissance se déroule sans heurt, dans une atmosphère paisible.
Un peu plus tard, après une douche chaude, le jour s’est levé. Le couple a partagé un petit-déjeuner avec Charlotte, leur sage-femme, une manière délicate de clore cette nuit initiatique. Un dernier échange, une écoute attentive de l’état de chacun… puis le retour à la maison, avant midi le lendemain. Tout s’était bien passé.
Pendant une semaine, Charlotte est revenue chaque jour. Zulma, le papa et bébé L. ont vécu ces premiers jours dans une bulle de lenteur et de peau-à-peau, au cœur de l’été. Bébé L. n’a pas pleuré à la naissance, ni dans les heures qui ont suivi. Il semblait déjà apaisé. C’est ce que souhaitait Zulma plus que tout, une naissance respectueuse, sans violence ni intervention inutile. Une venue au monde tout en douceur. Et c’est exactement ce qui s’est passé.

Le témoignage d’Iris - Naître deux fois : d’un accouchement traumatique à une renaissance en maison de naissance
Parfois, mettre au monde un enfant, c’est aussi se confronter à ses peurs les plus profondes. Pour Iris, son premier accouchement a été une plongée brutale dans un univers médicalisé où elle s’est sentie dépassée. Mais deux ans plus tard, elle a prouvé que la naissance pouvait aussi rimer avec douceur, puissance et confiance. Voici son histoire.
Le premier accouchement : le corps prêt, le cœur pas encore
Quand Iris repense à son premier accouchement, une émotion complexe l’envahit. Un mélange de peur ancienne, d’épuisement physique et de certitudes que personne ne la prenait au sérieux.
"J’étais profondément angoissée à l’idée d’accoucher", confie-t-elle.
Dès les dernières semaines de grossesse, elle ressent un poids écrasant, pas seulement celui de son corps, alourdi par plus de 25 kilos, mais surtout celui de cette certitude viscérale que son bébé allait arriver en avance. Elle le sentait “très bas, très présent”, comme une évidence inscrite au plus profond de son corps. Et, contre tous les pronostics, son fils est effectivement né en juillet, bien avant le terme prévu en août.
Les jours précédant la naissance se teintent d’un flou étrange, celui de l’attente nerveuse et de l’instinct qui gronde. Iris alterne entre des rituels de contrôle, vérifier chaque matin sa valise de maternité, et des tentatives d’action douce, comme des séances d’acupuncture, pour provoquer naturellement la naissance. Mais, en réalité, elle ne se sent pas prête. Pas dans son cœur. Pas dans sa tête. L’épuisement l’écrase, les nuits sont un calvaire, rythmées par l’insomnie, les douleurs physiques, et une peau qui démange jusqu’à l’insupportable.
"C’était un mélange de fatigue extrême et de tension nerveuse", résume-t-elle.
Et puis, une nuit, c’est le déclic. Elle perd les eaux, comme dans un film. Mais son esprit, comme déconnecté, refuse d’y croire immédiatement. Elle suit pourtant un instinct inattendu, presque poétique, elle prend une longue douche, se lave les cheveux, se maquille.
"Comme si le temps s’était suspendu", se souvient-elle.
Il y a dans cette scène une forme de douceur irréelle, un moment suspendu, un adieu discret à la grossesse, avant de basculer dans le réel.
Lorsqu’elle réveille son compagnon, celui-ci panique un peu. Un désordre léger s’installe, des allers-retours de salle de bain, des incompréhensions… et surtout, les premières douleurs. L’ambiance devient tendue, et les précautions minutieusement préparées avec sa sage-femme et sa doula semblent s’effacer dans l’urgence. Le taxi tarde, l’impatience monte, et Iris sent déjà que ce qu’elle redoutait commence à se produire, un départ précipité, sans sécurité ni sérénité.
Iris se souvient de ce moment où tout s’accélère. Elle attendait que son compagnon l’aide à descendre pour rejoindre le taxi. Mais il ne comprenait pas qu’elle attendait qu’il remonte, alors lui faisait attendre le taxi.
"Je lui avais pourtant dit, Viens me chercher, j’ai besoin d’aide pour descendre les escaliers", raconte-t-elle.
Finalement, elle descend seule et découvre un chauffeur bienveillant, qui semble prendre cette course comme une véritable mission. Une grande peur s’envole pour elle à ce moment-là, celle d’être refusée par un taxi.
"C’était une de mes grosses craintes… Ma doula m’avait rassurée, m’avait dit qu’ils étaient obligés de me prendre." Mais elle m’avait aussi dit, « si tu ne le sens pas, t’en appelles un autre. Et s’il y a le moindre doute, vous appelez les pompiers. »
Soulagée, Iris monte en voiture avec ses écouteurs, sa playlist, sa bouillotte… et une bonne dose de lucidité.
"Je regarde mon mec et je lui dis en riant, Tu crois qu’on a tout, là ?… Il me dit « oui oui », tout confiant… et là je lui lance, Tu penses pas qu’on a oublié la valise du bébé, peut-être ? "
Elle, hyper lucide. Lui, déboussolé. Un moment presque drôle, malgré la tension.
Le trajet jusqu’à l’hôpital Trousseau est difficile, entre douleurs et appréhension.
"J’avais peur. Vraiment peur. J’étais persuadée qu’on allait me renvoyer chez moi."
Le chauffeur, quant à lui, veut s’assurer jusqu’au bout qu’elle est au bon endroit. Presque trop zélé, il refuse de la laisser sortir sans confirmation.
"Non non, là il va falloir me laisser sortir immédiatement." Lui dit Iris
Il est environ 4h30 du matin. À peine 1h30 après la perte des eaux. Mais en arrivant, Iris se heurte à une ambiance froide. Littéralement. On lui tend un petit pot pour aller aux toilettes, mais personne ne lui propose d’aide.
"J’avais mis une serviette de bain entière dans mon legging, pas une serviette hygiénique, hein… parce que je perdais énormément de liquide."
Seule dans les toilettes, avec ses contractions, sa serviette, et sa bouillotte qui fuit… elle craque.
"Je pleurais. Là, c’était plus du tout drôle."
Son compagnon la retrouve en larmes, perdu, mais plein de tendresse.
"Il m’a regardée et m’a dit Mais qu’est-ce qui se passe ?…" Et moi je lui ai juste dit « Non mais là… là ça va pas aller du tout quoi. »
Heureusement, une sage-femme arrive, un vrai soulagement, elle est douce, bienveillante, c’est la fin de sa garde, mais elle prend le temps. Elle évoque même l’accouchement physiologique, ce qui fait sourire Iris, parce que son projet n’était pas du tout physio, elle voulait une péridurale le plus vite possible. Elle voulait que ça passe vite et sans douleur, le physio c’était pas pour elle.
Installée, elle est examinée dans une salle très froide. Malgré l’inconfort, la sage-femme garde sa douceur.
"Elle me dit que j’ai bien perdu les eaux… et que je suis dilatée à 4 ou 5. Sur le coup, ça ne m’a pas trop parlé. Mais je me suis dit « Ah ouais, en fait, t’es forte ! J’étais fière. »"
Puis vient la question de la péridurale. La sage-femme le propose à Iris mais contre toute attente… elle répond spontanément « Bah non. » Son compagnon n’en revient pas, elle avait tellement insisté pour l'avoir dès que possible. Mais aussitôt dit, le doute surgit. Et si plus tard, ce n’était plus possible ? Et si l’anesthésiste n’était pas disponible ?
Pas le temps d’y penser davantage, les urgences sont pleines. Iris est directement transférée en salle de naissance, sans passer par une chambre. Elle traverse les couloirs, valises à la main, sous une lumière blafarde, jambes écartées sur une table d’accouchement.
"Mais où je suis, là ?" se dit-elle
"Je me suis mise avec les bras appuyés sur le dossier de la table, puis je me suis étendue sur le dos. Là, j’ai commencé à sentir que ça montait… " confie-t-elle.
Quelques minutes plus tard, saisie par la panique plus que par la douleur, elle demande la péridurale. L’anesthésiste intervient rapidement, presque mécaniquement. Le soulagement est immédiat.
Mais ce répit ne dure pas. Une série d’interventions s’enchaîne. Pose du cathéter, sonde urinaire, monitoring…
"Le cathéter, c’est presque ce qui m’a fait le plus mal de tout l’accouchement ", avoue-t-elle, encore marquée par les veines abîmées et les bleus laissés derrière.
À 6h du matin, immobilisée par la péridurale, les pieds dans les étriers, Iris entre dans une phase d’attente. Son compagnon est là, présent, précieux. Entre deux contractions, ils rient, écoutent de la musique, échangent des messages. Iris appelle même sa mère, malgré une promesse de ne pas la prévenir, pour ne pas l’inquiéter
"J’ai fondu en larmes. J’avais besoin d’elle, c’était plus fort que moi." confie-t-elle.
Le travail progresse. Iris atteint 8 cm de dilatation en quelques heures, puis tout ralentit. Et une mauvaise surprise surgit, la péridurale ne fait plus effet d’un côté. Elle signale la douleur, mais se heurte à l’indifférence de la sage-femme. Finalement, on découvre que le dispositif a été déplacé par l’anesthésiste lui-même, sans l’admettre.
"Pendant trois heures, je disais que j’avais mal. Personne ne me croyait. Et là, tout s’est arrêté. "
La douleur revient, puissante. Puis, une fois la péridurale réparée, c’est l’inverse, les contractions cessent. À 10 cm de dilatation, le travail stagne pendant 3h30. Le stress monte d’un cran. Le monito ne fonctionne plus, les sages-femmes deviennent pressantes.
"On m’a dit que le cœur ne battait plus… alors qu’il n’y avait plus de papier dans la machine. Mais moi, j’entendais juste « il n’y a plus de cœur. »"
Finalement, l’ocytocine est administrée, les contractions reprennent. Le moment de pousser arrive. Iris, épuisée, s’accroche.
"Mon mec poussait dans mon dos, la sage-femme me tirait les bras."
L’équipe décide d’utiliser les spatules, appelées les « cuillères ».
"J’ai eu la sensation d’être déchirée en deux. J’ai fait des cauchemars pendant des nuits. J’ai eu l’impression qu’on arrachait mon fils." Confie Iris
Et puis… plus rien. Un voile. Un black-out. Bébé N. est posé sur elle. Son corps vient de traverser l’indicible. Son esprit, lui, se déconnecte pour survivre.
Iris ne minimise rien. Elle ne dramatise pas non plus. Elle dit simplement ce qui a été, la force, la peur, les maladresses du corps médical, le soutien indéfectible de son compagnon, et ce moment unique où la vie bascule.
Elle se souvient de cette journée comme d’un tremblement intime. Iris a accouché de son fils bébé N. à 16 heures, et n’est remontée en chambre que cinq heures plus tard. Ce moment, elle le raconte sans détour, sans romancer la douleur ou les maladresses qui l’ont marquée.
"On m’a posé mon plateau repas sur les genoux dans le fauteuil roulant. Il avait été déposé en salle de naissance, « pour pas qu’on l’oublie ». J’avais l’impression d’être un objet, un corps qu’on déplaçait avec un repas par-dessus… comme si plus rien ne m’appartenait."
La nuit qui a suivi la naissance fut chaotique. Ni Iris, ni son compagnon ne savaient comment nourrir leur bébé, comment gérer les biberons, les pleurs, les couches. Seule une aide-soignante est brièvement passée avant minuit, leur laissant une feuille à remplir. Aucun accompagnement, aucun soutien.
"J’étais incapable de bouger. mon mec était dépassé. On était seuls."
Ce séjour à la maternité, Iris le décrit comme une « descente aux enfers ». Elle n’a trouvé un peu de réconfort que dans un échange, inattendu et salvateur, avec une pédiatre venue le lendemain.
"Elle m’a proposé qu’on prenne un moment, elle s’est assise sur le lit, elle m’a écoutée. J’ai pleuré pendant 45 minutes. Elle m’a tendu le numéro de la psychologue de l’hôpital. Ce moment d’humanité, ça m’a soulagée."
Le post-partum immédiat a été marqué par une détresse invisible, une chute brutale dans l’inconnu. Iris, pourtant entourée, se sentait seule dans un monde devenu flou. Ce qu’elle avait imaginé comme l’un des plus beaux moments de sa vie s’est transformé en épreuve.
"J’étais en état de choc. Et tout a basculé à partir du moment où j’ai demandé la péridurale. À partir de là, j’ai perdu toute prise sur ce qui se passait."
Dans cette perte de contrôle, elle s’est alors réfugiée dans l’organisation rigide, presque militaire. Tout devait être maîtrisé, optimisé, parfait. Et si ce besoin de tout contrôler a permis à la jeune famille de trouver rapidement un rythme, il s’est aussi accompagné d’une grande violence intérieure.
"Ça a « fonctionné », Bébé N. a dormi vite. Mais à quel prix ?"
Les premières semaines à la maison furent éprouvantes. Entre les pleurs de bébé N., les tensions dans le couple, l’épuisement et l’impression constante d’échec, Iris a vacillé. Elle ne se reconnaissait plus. Ce n’est que chez ses parents, un mois plus tard, qu’elle a pu souffler pour la première fois.
Peu à peu, elle a apprivoisé cette maternité. Son compagnon était là, pleinement présent, complètement à sa place. Mais elle, elle était ailleurs, submergée, déconnectée, comme spectatrice de ce qu’elle vivait.
"Je l’ai découvert, je me suis découverte. Et en même temps, je me suis effondrée."
Elle a ressenti très vite ce lien fort avec son fils. Mais l’amour, lui, n’a pas éclaté immédiatement. Il a fallu du temps, du recul, et surtout, une forme de pardon envers elle-même.
"Je l’ai aimé tout de suite. J’ai aussi aimé être sa maman, dès le premier regard. Mais je n’arrivais pas à le comprendre, à le réaliser… J’étais trop abîmée. Maintenant je sais à quel point je l’ai aimé fort, tout de suite."
Iris parle avec honnêteté et tendresse de cette traversée. De ce passage si peu préparé, si peu raconté, qui l’a changé à jamais. Son histoire est celle d’un bouleversement immense, d’un apprentissage à vif. Une maternité sincère, vécue en vérité.
Aujourd’hui encore, Iris continue de cheminer autour de la naissance de Noé. Elle a entamé un travail en profondeur pour apaiser ce vécu, notamment à travers une séance d’EMDR. C’est au cours de cette séance qu’un souvenir lui est revenu avec force et émotion, un geste, simple mais profondément marquant.
"Après sa naissance, j’étais totalement dissociée, raconte-t-elle. Et puis Noé m’a pris la main. Il l’a serrée fort. C’est ce geste-là qui m’a ramenée dans mon corps."
Elle, qui pensait avoir manqué leur première rencontre, a découvert une autre vérité, bien plus douce et puissante.
"J’étais persuadée d’avoir “raté sa rencontre”, confie-t-elle. Mais en fait, pas du tout. C’est lui qui m’a ramenée dans le présent, dans cette salle de naissance. Il m’a signalé qu’il était là, qu’il était bien arrivé et qu’il avait besoin de moi."
Ce souvenir, longtemps enfoui, a profondément changé sa perception de cet accouchement.
"Ça m’a transformée de me souvenir de ce détail, si insignifiant en apparence, mais qui change tout. Il a tout changé."
Accoucher autrement : l’histoire d’Iris, pour une naissance en confiance
En juillet 2022, son fils bébé N. souffle sa première bougie. À ce moment-là, avec son compagnon, l’idée d’un deuxième enfant commence à se frayer un chemin, doucement, sans pression.
"On se disait juste « Oui, pourquoi pas… mais pas avant février ». Une semaine plus tard, j’étais enceinte."
La joie, mêlée au vertige. L’émotion brute. Iris panique un peu.
"C’était un tourbillon. L’euphorie, la peur, l’inattendu. Je venais à peine d’accueillir l’idée… et voilà qu’il était déjà là."
Dans ce moment de tumulte, sa doula, Elsa, entre dans la danse. Un simple message, une invitation à la dédicace de son livre.Iris lui répond sans détour, "Elsa, c’est incroyable, je viens tout juste de faire un test de grossesse." Et quand elle lui demande si elle est heureuse, Iris dit "Je crois que oui… mais t’imagines l’aventure !" Ce à quoi Elsa répond simplement « Je suis là. » Ce soutien, discret et indéfectible, allait accompagner Iris tout au long de cette seconde grossesse.
Elle se tourne ensuite vers une sage-femme rencontrée lors de sa première grossesse. Celle-ci ne pouvant assurer le suivi complet, elle lui recommande deux professionnels, dont un homme, Arnaud Billard. Il est à deux pas de chez elle, a une solide expérience de l’accouchement à domicile, et dès la première consultation, c’est une évidence.
"Je suis sortie en me disant : c’est lui. C’est lui qui va m’accompagner."
Le lien est fort, sincère, thérapeutique. Iris se sent écoutée, comprise, respectée. Arnaud devient une figure centrale de cette grossesse. Ensemble, ils évoquent le lieu de naissance. Iris écarte tout de suite l’idée de retourner à l’hôpital où bébé N. est né. Elle cherche une alternative. Elle parle des Bluets, puis Arnaud lui souffle une autre option, le CALM, maison de naissance à Paris. Sa réaction ? Franche et catégorique, "Non mais tu ne me connais pas ! Jamais de la vie !"
Et pourtant… Curieuse malgré elle, elle assiste à la réunion d’information. Mauvais feeling, ambiance perchée, elle pense n’avoir rien à y faire. Jusqu’à ce qu’un appel change la donne, son dossier est retenu. Elle tergiverse, hésite, met un mois à répondre. Mais accepte finalement un rendez-vous. Et là, elle rencontre Maud. Une rencontre marquante, fondatrice. Le projet prend vie. Elle entame un suivi régulier au CALM.
"C’était le bonheur. Une bulle douce, des échanges profonds, et surtout, mon mec était super investi."
Lui aussi tombe sous le charme de l’équipe. Et peu à peu, Iris change. Elle qui rejetait tout ce qui ressemblait de près ou de loin à une approche “trop naturelle” commence à rêver de cet accouchement.
"Je me suis mise à espérer, à me projeter. Je faisais de la natation, je marchais, je me sentais belle. J’étais trop bien enceinte. Rien à voir avec ma première grossesse."
Elle arrive au terme préparée, entourée, sereine. Elle a été suivie de près, en acupuncture, en yoga, accompagnée par sa doula et les sages-femmes. Le jour de la naissance approche. Deux choses la stressent néanmoins : le possible non-congé de son compagnon, et l’allaitement.
"J’avais décidé d’allaiter, comme une suite logique. Et aussi parce que j’avais souffert du manque de contact physique avec bébé N."
L’organisation en amont de la naissance ne concernait pas uniquement l’arrivée du bébé, mais aussi la gestion du quotidien et de la fratrie. Pour Iris, l’une des préoccupations majeures concernait son aîné, bébé N. Elle avait prévu de faire appel à son petit frère et sa belle-sœur pour le garder si le travail commençait en pleine nuit. Mais ils ont dû partir en Espagne, obligeant Iris à revoir toute la logistique.
"Ce fameux vendredi soir, le seul soir un peu compliqué, où ma sœur partait et mes parents n’étaient pas encore arrivés, il fallait trouver une solution temporaire. C’était LE seul moment de flottement… Est-ce que c’est ce soir-là que j’ai accouché ? Bien sûr. Sinon c’est pas drôle."
Ce genre d’imprévu fait aussi partie de l’histoire de la naissance, celle qu’on n’écrit pas dans un plan de naissance, mais qu’on retient souvent avec le sourire.
"Ce vendredi, je me suis couchée hyper tôt, j’étais crevée", se souvient-elle.
À minuit, elle quitte le lit conjugal, trop chaud, pour s’installer sur le canapé du salon, comme lors des dernières nuits de grossesse. Quelques heures plus tard, à 3h, le même scénario que pour son aîné bébé N. se répète, la poche des eaux rompt. Iris reconnaît aussitôt cette sensation si familière. Mais cette fois, elle a le droit de rester chez elle, le temps que les choses se mettent en route… tant que tout va bien.
Sauf qu’un grain de sable vient troubler l’équation, impossible de joindre ses parents, pourtant désignés pour garder bébé N.
"Je commence à paniquer."
Finalement, c’est son beau-père qui accourt depuis Versailles, en pleine nuit, pour assurer la garde. Iris peut alors partir.
"Dès qu’il est arrivé, j’ai eu une contraction énorme. Mon corps s’est relâché". Dit Iris
Direction la maison de naissance du CALM, à Paris, en Uber. Le trajet est chaotique, mais dans sa bulle, Iris se parle doucement : « À tout à l’heure bébé A. »
À leur arrivée, la bonne nouvelle tombe, le liquide est clair. Aucun transfert n’est nécessaire. Elle pourra accoucher ici, comme elle le souhaitait.
"Un bonheur immense", confie-t-elle.
La chambre devient leur cocon. Son compagnon s’endort sur le lit pendant qu’elle est dans un bain chaud. Les contractions sont bien là, intenses mais supportables. Le temps s’efface.
Quand elle sort de l’eau, le travail s’accélère. Iris change de positions, s’accroche à son peigne, respire, vocalise. Un incroyable travail d'équipe se met en place entre Iris, son compagnon qui soulage chaque contraction en lui massant le sacrum pendant près d'1h et sa sage-femme qui lui parle et lui fait de l'acupression, une danse à 4 avec bébé.
"J’ai senti ma fille descendre, millimètre par millimètre. "
Elle traverse un moment difficile aux toilettes, où la sage-femme pense qu’elle va accoucher sur place. Elle retourne dans la chambre et adopte une position qui lui parle. À genoux, le buste appuyé sur le lit, elle s’abandonne à la vague.
Et puis, la fameuse phase de désespérance :
"Je pleurais, je me disais que j’aurais dû demander la péridurale. Mais j’ai eu un éclair de lucidité « si je me dis ça, c’est que c’est bientôt fini. »"
Dans un moment suspendu, la sage-femme ajuste la position d’Iris avec une douceur millimétrée. Un simple mouvement de jambe. Et dans la seconde, bébé A. naît.
"J’ai baissé la tête, je l’ai vue, j’ai dit : « Oh… je crois que c’est une fille. »"
L’émotion l’envahit. « Je l’ai fait. On l’a fait. Tu l’as fait », répète-t-elle à son compagnon.
Elle avait imaginé un accouchement doux, respecté, intime. Iris l’a vécu. Après la naissance rapide et intense de sa fille bébé A., elle raconte avec émotion cette période suspendue, hors du temps, où tout semblait à sa place.
"J’ai tout de suite demandé à prendre une douche", se souvient-elle en souriant.
Mais la sage-femme l’a stoppée doucement « Il faut qu’on sorte le placenta d’abord. » Iris s’allonge, bébé A. en peau à peau contre elle. La petite tète aussitôt, et pour Iris, c’est une première fois bouleversante.
"J'ai découvert cette sensation d’allaitement, ça m’a vachement surprise."
Juste une micro-déchirure, Iris choisit la simplicité, pas de point de suture et rester allongée une semaine. Même pour l’expression utérine, qu’elle redoutait tant après bébé N., elle ressent cette fois une grande douceur.
"Elle l’a fait avec une telle bienveillance… Il y avait ma playlist, mon bébé, mes draps… J’étais dans mon cocon."
Dans cette bulle, le quotidien reprend doucement. Un appel à sa mère, une visio avec une amie en larmes, le tout dans une ambiance irréelle mais joyeuse. À peine quelques heures après la naissance, Iris est déjà debout, sous la douche, puis de retour auprès de son compagnon, qui berce leur fille. Le soir même, elle rentre chez elle.
"Ma fille n’avait que quelques heures. J’étais dans mon canapé, bébé au sein, la nuit était tombée. Tout était doux."
Le lendemain matin, tout aussi magique, croissants, café, et bébé A. blottie contre elle.
"Mon bébé a 24 heures", se dit-elle alors, avec une gratitude immense.
Ce deuxième accouchement, elle le qualifie de réparateur.
"Je me sens tellement honorée, tellement heureuse d’avoir vécu cette naissance-là."
Iris le dit sans détour, c’est grâce au chemin parcouru avec bébé N. qu’elle a pu vivre cette rencontre en conscience. Le post-partum, lui aussi, a été transformé. Moins de douleurs, plus de force. Même avec deux grossesses rapprochées, elle a senti que son corps donnait tout, mais qu’elle, intérieurement, avait grandi.
"Mon deuxième accouchement m’a réparée. Il m’a sauvée de mon premier."
Le message d’Iris aux mamans
« J’aimerais dire aux futures mamans qu’elles ont le choix. Peu importe comment les choses se passent, elles ont le droit d’en parler, le droit d’avoir aimé ou non certains moments. On peut changer d’un accouchement à l’autre, même si on a aimé le premier. On peut avoir envie de vivre autre chose. Il faut écouter cette petite voix intérieure. Et surtout, ne pas hésiter à se faire aider, à se faire accompagner dans les moments difficiles. Accoucher, c’est une sacrée épreuve physique, et c’est normal d’être fatiguée. Mais on se relève de tout. » - Iris.

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