Le tire-allaitement, une aventure lactée méconnue
- Aurélia Heurtrey
- 9 avr.
- 6 min de lecture

Une histoire personnelle, un déclic profond
Mon histoire avec le tire-allaitement commence dès les premiers jours de vie de mon fils, à J3 exactement. À la maternité, je scrute chaque petite évolution, et quelque chose me trouble : son poids ne remonte pas. Il a déjà perdu ses 10% de poids de naissance, ce qui est considéré comme normal, mais il ne reprend presque rien… La veille, j’avais déjà signalé à une sage-femme que je le trouvais un peu jaune. Le lendemain, le diagnostic tombe : il fait une jaunisse.
Pour l’aider à récupérer, les auxiliaires me conseillent de tirer mon lait, car mon bébé est trop fatigué pour bien téter. Elles me tendent des téterelles en taille 27 mm, simplement parce que j’ai une forte poitrine… Mais à ce moment-là, je ne sais pas encore que la taille du sein ne détermine en rien celle du mamelon. Je n’ai aucune idée de ce que je fais. Alors, je fais confiance.
Toutes les 2 à 3 heures, je tire mon lait avec ces téterelles bien trop grandes pour moi, mais les quantités restent dérisoires. Mon bébé a faim, et les auxiliaires insistent pour qu’il reçoive des compléments. Mon mari, inquiet, accepte… et moi, je me sens complètement démunie. Pourquoi ça ne fonctionne pas ? Pourquoi mon corps ne nourrit-il pas mon bébé comme il le devrait ? Les jours passent et la conclusion des soignantes est sans appel : ma montée de lait n’est jamais arrivée. Selon elles, mes seins sont "secs", il n’y a rien à faire.
Je suis anéantie. Pendant des mois, je cherche, je lis, j’essaie de comprendre ce qu’il s’est passé. Je consulte une coach en allaitement, mais ses conseils restent insuffisants. Alors, je décide de me former. Je plonge dans le monde de l’allaitement et du tire-allaitement avec une détermination nouvelle. En parallèle, je mène un autre combat : celui de faire diagnostiquer et traiter les freins restrictifs de mon fils, qui entravent sa succion et, par conséquent, ma lactation.
C’est au fil de mes formations que je fais une découverte sidérante : ma véritable taille de téterelle est en réalité du 12 mm. Douze ! Si loin du 27 mm imposé à la maternité…
Neuf mois de bataille plus tard, mon fils se fait enfin couper ses freins. Et là, miracle : sa prise au sein devient parfaite. Mais pour moi, il est trop tard. La mise en place d’une lactation optimale se joue dans les six à sept premières semaines post-partum.Mon allaitement ne sera jamais exclusif, mon fils aura toujours besoin de compléments. Et moi, je reste avec ce goût amer de l’injustice, et la certitude que les grands laboratoires de préparation commerciale pour nourrissons se réjouissent de cette issue. J’ai su plus tard qu’une relactation aurait été possible. Mais à ce moment-là, je n’avais ni l’énergie, ni la volonté nécessaire pour m’y engager. C’était une charge supplémentaire que je ne me sentais tout simplement pas capable d’assumer.
C’est avec cette expérience, marquée par l’incompréhension, les doutes et les regrets, que j’ai décidé d’être là pour les mamans qui, comme moi à l’époque, se sentent perdues et désemparées. Je veux être ce soutien dont j’aurais tant eu besoin. Je veux leur offrir toutes les clés pour qu’elles puissent faire leurs propres choix, en pleine conscience, et avec toutes les informations en main. Parce que chaque parcours lacté est unique, et que chaque maman mérite d’être au centre des décisions qui concernent son allaitement.
Le tire-allaitement : une solution au service des familles

Le tire-allaitement repose sur un principe simple : extraire le lait maternel pour le donner autrement qu’au sein. Cette pratique peut être choisie pour diverses raisons : un bébé prématuré incapable de téter efficacement, une reprise du travail, la volonté de constituer un stock de lait, ou encore des difficultés d’allaitement qui nécessitent une alternative. Pour certaines mères, il s’agit aussi d’un moyen de relancer leur lactation ou d’intégrer le lait maternel dans l’alimentation solide de bébé, sous forme de flans ou autres préparations.
Le tire-allaitement est une véritable solution, mais il ne s’improvise pas. Pour bien l’appréhender, il est essentiel de comprendre les différents éléments à prendre en compte, comme le choix du tire-lait, la taille de la téterelle, la technique d’expression manuelle et bien sûr, l’hygiène et la conservation du lait.
Le choix du tire-lait : s'adapter à ses besoins
Le choix du tire-lait est crucial. Il existe plusieurs types de tire-laits, chacun adapté à des besoins spécifiques :
Le tire-lait hospitalier : puissant et efficace, il est souvent utilisé en cas de prématurité ou de lactation fragile. Il est généralement loué sur prescription médicale et permet une double expression pour optimiser la production lactée.
Le tire-lait compact : plus compact, il est idéal pour une utilisation régulière à domicile. Fonctionnant sur secteur ou à piles, il offre un bon compromis entre efficacité et praticité.
Le tire-lait nomade (ou portatif) : discret et sans fil, il s’adapte aux mamans en déplacement. Il permet de tirer son lait en toute liberté, mais son efficacité peut être moindre selon les modèles.

La téterelle : un ajustement essentiel
La taille de la téterelle joue un rôle crucial dans l’efficacité du tire-allaitement. Une téterelle mal ajustée peut entraîner des douleurs, des blessures, et rendre l'éjection moins efficace. C’est pourquoi il est essentiel de mesurer son mamelon et de choisir une téterelle adaptée.
Lors de mes rendez-vous, je prends le temps de mesurer le mamelon de chaque maman avec une réglette spécialement conçue à cet effet. Cela permet de garantir que la téterelle soit parfaitement adaptée à la morphologie de chacune, maximisant ainsi le confort et l’efficacité.
L'expression manuelle : une technique complémentaire
L’expression manuelle est une méthode précieuse qui peut être utilisée seule ou en complément d’un tire-lait. Elle permet de stimuler l’éjection du lait, notamment en cas d’engorgement ou lorsque l’on n’a pas de tire-lait sous la main. Bien maîtrisée, cette technique peut être aussi efficace qu’un tire-lait mécanique et offre une grande flexibilité.
L’hygiène et la conservation du lait : des gestes simples mais cruciaux
L’hygiène est un élément fondamental du tire-allaitement. Chaque pièce du tire-lait doit être soigneusement nettoyée et stérilisée pour garantir la qualité du lait. Quant à la conservation, il existe des règles simples à suivre pour préserver toute la richesse nutritionnelle du lait maternel :
Les données les plus récentes, qui viennent de la CoFAM (Recueil, transport et conservation du lait maternel, 2024), sont tout à fait valides :
Jusqu’à 8 heures à température ambiante (< 25°C)
Jusqu'à 8 jours au réfrigérateur (< 4°C)
Jusqu’à 12 mois au congélateur (< -18°C).
Créer un environnement favorable à l’éjection du lait
Un aspect souvent ignoré mais essentiel pour réussir son tire-allaitement : l’environnement. Créer une bulle de bonheur, un moment calme et détendu, favorise la production d’ocytocine, l’hormone responsable de l’éjection du lait. Regarder une photo de son bébé, écouter de la musique douce, pratiquer la respiration profonde ou masser ses seins avant le tirage sont autant d’astuces qui peuvent faire toute la différence. Un état de stress ou d’anxiété peut inhiber ce réflexe naturel et rendre le tirage plus difficile.
Une aventure de patience et d’amour
Le tire-allaitement est bien plus qu’un simple acte mécanique. C’est une démarche d’amour, de patience et de persévérance. Pour certaines, c’est un choix, pour d’autres une nécessité. Mais quelle que soit la raison qui pousse une mère à tirer son lait, chaque goutte extraite est précieuse.
Si cette pratique peut sembler exigeante, elle permet aux bébés de bénéficier du lait maternel malgré les contraintes de la vie quotidienne. Avec le bon accompagnement et les bonnes informations, il est possible d’allier tire-allaitement et épanouissement maternel.
À travers mon propre parcours semé d’embûches, j’ai compris à quel point le soutien et l’information sont essentiels. Aujourd’hui, j’ai à cœur d’accompagner celles qui se lancent dans cette aventure, pour qu’elles ne se sentent jamais seules face aux défis de leur allaitement.
Parce qu’au-delà de la technique, le tire-allaitement est avant tout une histoire de lien, de confiance et d’amour.
Je ne pourrais pas terminer cet article sans adresser un immense merci à Danielle (SleepWellFed). C'est grâce à elle que mon parcours en tire-allaitement a pris un tournant décisif.
Sa bienveillance, sa pédagogie, son écoute et la richesse de sa formation m'ont littéralement sauvée dans cette aventure. J'étais au bord de tout arrêter, épuisée et mal informée... Elle m'a redonné confiance, elle m'a armée de connaissance, et surtout, elle m'a fait me sentir capable.
Que vous soyez maman en plein tire-allaitement ou professionnel de la périnatalité, je ne peux que vous recommander sa formation. Elle est d'une précision incroyable, ancrée dans la réalité du terrain et profondément humaine.
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